La notation en lycée

1. Plantons le décor

 1.1. Le lycée des 7 Mares

Implanté dans la ville nouvelle de Saint Quentin en Yvelines depuis 30 ans, le lycée ne possède pas d’installations sportives propres mais bénéficie de par sa situation des structures, nombreuses ayant permis un développement important et diversifié du mouvement sportif, des 2 communes.

Etablissement à taille humaine (700 élèves) recrutant sur 3 collèges, il voit par ses options EPS son éventail de recrutement s’élargir considérablement. Constitué pour 2/3 de filles la tendance s’inverse en option EPS qui est une population plus masculine.

Actuellement se sont près de 150 élèves soit plus de 20% de l’effectif du lycée qui en font partie.

1.2. Les trois ordres d’enseignement en présence : de l’originalité à la singularité.

Outre l’EPS obligatoire et donc ses 2 heures faméliques que l’on rencontre dans tous les établissements, il existe au lycée des 7 mares depuis 1981 une option facultative (3 heures) qui a connu des appellations diverses au fil des réformes (ASS, ateliers de pratiques, option EPS, option EPS facultative).

Initiée à l’époque par une administration et une équipe d’EPS motivée qui voyaient en elle un facteur de réussite des élèves, elle s’est développée et institutionnalisée depuis, fruit d’un travail d’équipe élaboré au fil des années et du renouvellement des enseignants.

Cette continuité ne s’est pas faite sans problème, ni tension car il a fallu faire face à des chefs d’établissement successifs qui voyaient là un coût important pour la sacro sainte DGH. Ce n’est que par la démonstration de sa vitalité, de sa pertinence, de l’intérêt qu’y portent les élèves et de la stabilité de l’équipe éducative qu’elle a perduré.

Originale par son ancienneté, cette option devient singulière dans la mesure où elle s’est développée et qu’en 1999 a été créée dans l’établissement, suite à un appel d’offre des rectorats qui voulaient créer cet enseignement dans 1 ou 2 lycées par académie, l’enseignement de détermination en EPS.

Cette nouvelle option dite lourde (5 heures en seconde puis 4 par la suite, qui s’ajoutent aux 2 heures obligatoires) s’est généralisée à toutes les sections du lycée (sauf en SMS).

Ce sont actuellement 22 heures que l’établissement consacre à l’enseignement optionnel. On peut donc voir dans ce chiffre l’importance accordée à l’EPS dans le lycée.

Du fait certainement de la forte représentation des élèves de l’option sport, la moyenne au BAC de nos lycéens se situe dans la fourchette haute de la moyenne des lycées du département : 13.7.

Pour l’enseignement complémentaire cette moyenne est de : 14.3.

La moyenne pour l’enseignement facultatif est de : 14.

2. Notation et EPS obligatoire

Dans le cadre de l’EPS obligatoire, notre établissement s’est aligné sur les nouveaux textes du Bac 2003. L’équipe EPS a réactualisé le projet EPS en commençant par les terminales puis elle a orienté son travail sur les premières et les secondes.

Le choix de la programmation des APSA s’est faite de façon à ce que les élèves choisissent un menu (3 APSA) en terminales qui comporte des activités vécues en secondes (4 APSA obligatoires) et premières (4 APSA obligatoires). Ces activités ont été réparties sur les deux niveaux de classe en fonction des effectifs de classe (classe plus chargée en secondes).

Les objectifs, en seconde et première, sont, de permettre de choisir en connaissance de cause son menu de terminale, et, de connaître les niveaux d’exigence en s’assurant que l’on possède les « fondamentaux de l’activité » (escalade : s’équiper, assurer, grimper en tête).

Dans ce contexte, le projet de notation s’est inscrit pour ajuster notre ancien projet avec le référentiel national : dans une même activité, la note évolue puisque nous proposons un niveau d’exigence moindre en secondes et premières. Tout en conservant les grilles proposées par le référentiel, nous avons modifié la répartition des points pour les secondes et les premières, (1 point par niveau de classe : pour une même prestation, un terminale qui vaut 10, un première aura 11, un seconde 12) et adapté les éléments complémentaires (analyse du jeu, rôles de juge, etc.) que nous utilisons néanmoins, comme un moyen de formation. Nous avons souvent conservé pour les secondes ou premières « concevoir et conduire un échauffement », même si cela a disparu des textes de notation. Enfin, si les procédures de notation, en secondes et premières, sont allégées, c’est également liées au temps de pratique pour chaque cycle (4 APSA pour 3 en terminales).

Par ailleurs, nous gardons une marge de manœuvre pour adapter l’évaluation au projet de classe particulier (voir le traitement particulier de la série « Sciences médico sociales »). Par exemple, entre les terminales qui choisissent le menu natation (les deux tiers sont bon nageurs) et une première STT (les deux tiers ne veulent pas nager), le mode d’entrée et la notation ne sont pas traités de la même façon.

Le projet de notation est donc fortement influencé par les textes en vigueur mais il tient compte également de l’organisation de l’EPS dans l’établissement et des projets de classe rencontrés. Ce projet prend tout son sens lorsque nous organisons le contrôle en cours de formation sur le principe de la co-évaluation (le responsable du menu d’activités et un autre enseignant de l’équipe EPS) : nous avons choisi de ne pas empiéter sur le temps d’apprentissage des élèves et nous banalisons une ½ journée, en plus du créneau EPS, par trimestre.

3. Notation des enseignements optionnels

3.1 L’option facultative

Les élèves inscrits en « option facultative » bénéficient de 2 créneaux d’1h30 dans la semaine, en plus des deux heures obligatoires. Le premier leur permet une pratique polyvalente autour de la découverte de quatre APSA, moins souvent enseignées en EPS obligatoire dans notre secteur (water-polo, boxe française, base-ball, ultimate, etc.)

Le second offre une pratique de spécialité. L’élève choisit une APSA en début d’année et la pratique toute l’année. Le temps d’apprentissage étant, dans ce second cas, beaucoup plus important que lors du travail en cycles de huit ou neuf séances, les contenus sont approfondis et permettent de proposer des aspects rarement abordés en EPS obligatoire, faute de temps, comme l’arbitrage, la construction d’un échauffement, l’animation, le capitanat, la connaissance de réglementations particulières.

La notation prend en compte, non seulement la performance, mais aussi les capacités de l’élève à comprendre ces éléments encadrant la pratique. En terminale, ces capacités sont évaluées dans le cadre d’un entretien en fin d’année.

3.2 L’enseignement complémentaire

Les élèves inscrits en « enseignement complémentaire » suivent un enseignement de cinq heures en seconde (enseignement de détermination) et de quatre heures en première et terminale, en plus des deux heures obligatoires.

Trois heures sont organisées comme pour l’option facultative et la notation est identique.

A cela s’ajoute, pour compléter la formation des élèves, une heure « d’analyse réflexive » qui permet à l’enseignant de proposer des articulations entre les connaissances théoriques (historiques, socio-historiques, pratiques, physiologiques, etc.) et la pratique des APSA. Ce cours théorique, peut faire l’objet d’un contrôle de connaissances sous forme écrite, orale, ou in situ.

Les élèves de seconde bénéficient d’une cinquième heure dite de « pratiques d’accompagnement » (PPG, musculation, stretching, développement de la VMA, etc). Les acquisitions des élèves sont évaluées et peuvent être notées.

4. Notation et travail d’équipe.

Les critères de notation et les niveaux d’exigence pour chaque APSA et pour chaque niveau de classe sont définis et respectés collectivement par chaque membre de l’équipe EPS. C’est le noyau dur, autour duquel chacun pourra ensuite exercer sa liberté pédagogique en fonction des classes dont il aura la charge.

Ces critères et niveaux d’exigence sont, bien entendus, très fortement déterminés par les référentiels du baccalauréat. En classe de première, la notation est très proche de ce que l’on demandera en terminale. En classe de seconde, une marge de manœuvre plus importante est laissée à l’initiative du professeur, dans le cadre du projet de classe.

L’équipe tente deux compromis : une préparation aux épreuves du baccalauréat qui ne verse pas trop dans le bachotage pur et simple et la place aux initiatives individuelles des enseignants tout en maintenant une cohérence d’ensemble.

Les conséquences du nouveau baccalauréat sur le travail d’équipe sont de deux ordres. Le contenu est quasiment verrouillé, ce qui appauvrit les débats, mais favorise le consensus ! La co-évaluation permet, outre ses fonctions attendues sur les élèves et l’institution, des échanges entre enseignant, riches de perspectives. Pour diverses raisons, nous ne saisissons pas suffisamment cette possibilité offerte d’échanges et de réflexion, mais nous invitons les autres équipes à s’en emparer!

Enfin, le fait d’harmoniser les niveaux d’exigence et les contenus proposés contribue à donner du crédit à la matière aux yeux des élèves. Ils perçoivent qu’il y a un « référentiel commun de notation » qui dépasse les individualités des professeurs. Une sorte de « garde-fou », y compris pour les enseignants qui sont régulièrement tentés de succomber, et c’est bien normal, à leur intime conviction pour noter.

Le travail en équipe nous semble fondamental dans la notation en EPS, car il donne le ton de cette matière au niveau d’un établissement. C’est une terre de compromis, où chacun doit faire l’effort de rechercher un équilibre, au service des élèves et de ce qu’ils feront de la société de demain.

5. La diversité : source de richesse ou d’inégalités ?

5.1. La particularité de la notation en athlétisme pour les élèves d’option

Outre qu’il regroupe des élèves de seconde, première et terminale, le groupe d’option « athlétisme » possède la particularité d’être composé d’élèves de niveaux très différents. La proximité de la section sportive « athlétisme » du collège voisin, les forts liens avec le club civil de la ville nouvelle nous conduisent à accueillir dans un groupe de 30 élèves, une quinzaine de « spécialistes » de bon niveau avec une ancienneté dans la pratique pouvant atteindre pour certains 7 à 10 ans !

Parallèlement, le reste du groupe est composé d’élèves qui n’ont jamais pratiqué l’athlétisme en dehors de l’horaire obligatoire d’EPS…parce qu’ils sont spécialistes d’APSA non enseignées dans l’établissement.

Impossible dès lors de ne pas différencier les contenus, les exigences… et les conditions de la notation.

Ainsi le groupe de spécialistes est noté sur les performances engrangées dans leurs 2 ou 3 spécialités, pour lesquelles ils s’entraînent toute l’année, y compris durant la séance d’option. Si l’élève est adhérent à l’association sportive, cette notation de performance a lieu sur des compétitions UNSS, en présence du professeur de la classe. Les conditions d’adversité et de mesure sont souvent bien meilleures pour l’élève qui doit aussi se préparer pour le jour « J ». Il est noté durant une séance s’il n’est pas inscrit à l’A.S

Le barème est spécifique et plus difficile que celui de l’autre groupe.

Le groupe de non spécialistes est noté sur des performances réalisées lors des séances d’évaluation qui clôturent un cycle d’apprentissage. Trois cycles sont programmés dans l’année (généralement, une course, un saut, un lancer) et une activité « découverte » est abordée (sans notation de performance) ; celle-ci permet de noter les connaissances réglementaires et de jury par l’organisation d’une mini- compétition.

Pour que les deux groupes vivent cette diversité comme une richesse, il faut que les choses sont claires dès le début de l’année et donc explicitées et argumentées.

5.2. Un projet particulier de notation.

Les classes de terminales sont toutes alignées pour permettre aux élèves de choisir un menu, sauf une : la classe de terminale « Sciences Médico Sociales ».

Cette classe regroupe des élèves qui présentent plusieurs particularités : il n’y a que des filles, elles sont ensemble depuis la seconde, le niveau en EPS est homogène de même que le rapport qu’elles entretiennent avec la pratique des APSA.

D’où l’idée de leur proposer un menu unique et consensuel en terminale, après l’avoir fixé ensemble, en fin de classe de première. Ce menu comporte deux APSA du programme des autres classes (acrosport et tennis de table) et la chorégraphie collective.

En ce qui concerne la notation, ce projet favorise l’obtention de meilleures notes pour ces élèves, car elles retrouvent deux « points forts » et un « point faible » (le tennis de table). En effet, dans les menus « traditionnels » que l’on propose aux autres classes, les élèves ont souvent deux APSA préférentielles, et la troisième moins à leur goût. Ce projet particulier, qui pourrait prêter le flanc à une inégalité peut, au contraire, être considéré comme un rééquilibrage.

Derrière la problématique des SMS se cache celle de l’EPS des filles. Nous n’avons résolu ce problème que très partiellement et nous savons que des filles d’autres séries ne sont pas satisfaites par les menus, plutôt « sportifs » que nous proposons. Un pas en avant reste à effectuer. Sans doute en trouvant le moyen d’ouvrir le menu « SMS » à tous (et à toutes)…

Il nous semble donc possible, sous certaines conditions, de proposer des « régimes » différents dans un même établissement. Pour qu’il soit viable, le projet doit être largement explicité auprès des élèves (tous les élèves) et des familles.

Janvier 2004, les enseignants d’EPS du lycée des Sept Mares, lycee7mares.eps@wanadoo.fr