OSONS NOUS MOBILISER !

Après le temps des analyses, vient le temps de la contestation et de l’action. Le printemps est une saison qui se prête bien à l’exercice… Le tumulte médiatique et la valse des ministres n’ont rien changé au projet du « choc des savoirs » voulu par Emmanuel Macron et porté par Gabriel Attal, devenu premier ministre. Non pas que les enseignant-es s’arcboutent sur de prétendues postures conservatrices et corporatives, mais parce que nous avons bien compris que nous étions en face d’une question éthique qui touche au fondement même de la mission qui nous est confiée : faire réussir l’ensemble de nos élèves, sans stigmatisation ni tri social.

L’histoire des vingt dernières années nous apprend que pour contraindre un gouvernement à revoir sa copie en matière de système éducatif, il faut être en mesure de lui opposer des arguments construits qui s’appuient sur les sciences de l’éducation et sur les savoirs faire des personnels, mais que cela ne suffit pas. Il faut également être en mesure de construire un rapport de force suffisamment puissant pour l’amener à s’intéresser de plus près aux effets de la contestation par crainte de l’ampleur de cette dernière.

Depuis janvier dernier, il se passe au niveau local, au sein des établissements, des actions d’une ampleur inédite. Les motions et les votes contre se sont multipliées lors des CA DHG collèges. Les chef-fes d’établissements ont fait savoir qu’ils étaient eux aussi opposés à cette réforme. Mais surtout les échanges se sont multipliés avec les parents d’élèves et leurs représentant-es. Ces derniers ont pu mesurer les dégâts et surtout le décalage entre les effets d’annonces et la réalité des moyens indigents alloués aux établissements pour pouvoir fonctionner. Aux abords d’établissements les banderoles ont fleuri, des rassemblements ont été organisés, des tracts ont été distribués aux familles. Une grève départementale intersyndicale, à laquelle le SNEP et la FSU ont pris une part très active, a été organisée le jeudi 7 mars dans les Yvelines avec un vif succès dans le bassin de Saint Quentin en Yvelines. Cette même semaine, l’occupation du Rectorat durant plusieurs jours par des collègues de l’est du Val d’Oise a également marqué les esprits afin de revendiquer plus de moyens pour leurs élèves.

Le Recteur comme les DASEN sont contraints de reconnaître que la contestation est profonde. Le ministère et le gouvernement ne peuvent plus ignorer ces signaux. Nicole Belloubet, nouvelle ministre de l’Education Nationale, fait mine de lâcher du lest, modifie les éléments de langage en parlant de groupes de besoins et en évoquant des dérogations possibles. Mais ne soyons pas dupes la bataille est loin d’être gagnée. Preuve en est, les récentes déclarations de Gabriel Attal qui a souhaité s’adresser en visioconférence aux chefs d’établissements en insistant de nouveau sur les groupes de niveaux. A se demander qui s’occupe des questions de l’Education Nationale, Grenelle ou Matignon ?

En ce qui concerne l’EPS, la grève spécifique EPS du 15 mars et le rassemblement historique de près de 1000 enseignant-es d’EPS venu-es de toute la France est une magnifique réussite. Les 4 heures d’EPS à tous les niveaux sont au cœur de notre action syndicale pour une EPS émancipatrice et ambitieuse, au service de tous les élèves.

Qu’il soit question d’EPS ou de projet d’Ecole, la mobilisation collective reste la clé de la réussite. Les actions évoquées précédemment en sont l’illustration. Alors que le ministère constate que la résignation des enseignants s’effrite, le printemps qui s’annonce peut être le moment où chacun-e d’entre nous peut contribuer à sa façon à défendre les valeurs et l’ambition que nous portons pour la réussite de l’ensemble de nos élèves.

Jérome Le Cam
Collège Léon Blum (Villepreux)